Analyse des transformations de la jeneusse polonaise en France - exemple de l’Association Catholique de la Jeneusse Polonaise en France
L’article analyse l’évolution d’une organisation de jeunesse catholique polonaise en France, appelée Association Catholique de la Jeunesse Polonaise (sigle polonais: KSMP), depuis sa fondation en 1930 jusqu’en 1980. Le plan de l’exposé s’articule autour de trois périodes: avant la seconde guerre mondiale, les années 1945-1965, et de 1965 à 1980.
Les premières sections de k’Association de la Jeunesse Polonaise (sigle polonais: SMP; telle était en effet la dénomination originelle de l’organisation) furent créées à partir de 1924 dans les régions minières du Nord-Pas de Calais. Au moment de sa constitution le 6 avril 1930, l’Union regroupait déjà 24 associations et environ 1000 membres. De 1933 date probablement la scission de l’Union en deux organismes distincts: l’Union des associations féminines et l’Union des associations masculines. En 1935, à l’instigation de l’épiscopat polonais soucieux d’accentuer le caractère catholique du mouvement, le SMP masculin se transforma en KSMP; le SMP féminin effectua le même changement en 1938.
Les activités de l’organisation au cours de la période d’avant la seconde guerre mondiale portent une double marque: référence constante à la religion catholique et attachement profond à la Pologne. En témoignent par exemple „L’appel à la jeunesse polonaise en France” lancé en 1932 par l’Union SMP, les sujets des multiples conférences ou les thèmes des discussions menées au cours de journées de réflexion ou de retraites spirituelles, la presse en rapport avec le mouvement, et même les innombrables manifestations locales et les rassemblements organisés par les districts et les Unions.
Dans ce contexte, la rareté des contacts directs de l’association avec la Pologne (deux séjours en Pologne pour des proupes restreints seulement, l’un au cours de l’été 1937, et l’autre en septembre 1938) surprend quelque peu.
Les opérations militaires de la seconde guerre mondiale à peine terminées sur le sol français, l’organisation reprit ses activités, et connut de 1946 à 1951 un essor particulièrement important avec la création de sections non seulement dans les réligions du Nord et de Montceau les Mines, mais encore en Normandie, dans les Ardennes, en Alsace Lorraine, dans la région parisienne et à Saint Etienne. En 1951, l’Union féminine compatait 67 sections et 3250 membres, l’Union masculine 62 sections et 3050 membres. Le nombre d’adhérents diminua peu à peu au cours des années 1950; le phénoméne s’accentua même au début des années 1960.
L’association conserva dans l’ensemble un caractére identique à celui d’avant la guerre mondiale. Une originalité dans les activités au cours de la période 1945-1965 fut apportée par l’organisation de stages d’été (de 1945 à 1958), de week-end de détente et réflexion (à partir de 1957), et par l’essai de diffusion d’un mensuel propre intitulé „Młode Serce” (Coeur Jeune) (de 1946 à 1953). Un problème, dont l’acuité grandit encore au fil des ans, surgit cempendant: la méconnaissance de la langue polonaise. Celle-ci peut s’expliquer par l’inexistence de cours de polonais dans les écoles secondaires, la perte de tout contact avec la Pologne notamment pendant la période de la guerre froide, le niveau de scolarisation dans les écoles françaises de plus en plus élevé parmi les membres.
L’existence d’une catégorie d’adhérents atteignant un degré de scolarisation élevé, et de ce fait ayant de plus grandes exigences vis-à-vis de l’organisation, une structure qui ne correspondait plus aux besoins de la jeunesse, la méconnaissance de la langue polonaise, provoquèrent après 1965 une sorte de crise au sein de l’organisation; le nombre de membres chuta brutalement: un rapport de 1969 donne un nombre approximatif de 2000 membres en France. Cette crise fut stoppée par l’arrivée à la tête du mouvement, en mars 1971, d’une nouvelle équipe qui entreprit toute une série de réformes administratives: réunification des deux organismes féminin et masculin en une seule Union en 1972, réorganisation structurelle en 1973, modification des statuts, non seulement du KSMP mais tous les groupements composant l’Union des Associations Catholiques Polonaises en France, considérés jusqu’alors comme associations étrangères par la loi française, pour les faire bénéficier du statut d’associations françaises. Cet effort de prise en charge de l’association par les jeunes eux-mêmes et de réforme des structures fut sans doute rendu possible par le nombre croissant d’étudiants parmi les membres (en moyenne 6-7 étudiants d’universités ou d’écoles supérieures parmi les 10 membres du Conseil d’Administration de l’Union).
Les manifestations de l’Union retrouvérent alors un certain éclat. Et par l’intermédiaire notamment de stages de formation auxquels des professeurs de l’Université Catholique de Lille prêtaient leur concours, l’Union s’efforça d’elever le niveau intellectuel de ses activités, et aussi, dans une certaine mesure, de soumettre son programme de travail à une profonde révision. Ce processus de rénovation n’ayant pu être mené à terme, les effets des réformes administratives ne pouvaient être que temporaires. Aussi, malgré certaines initiatives tout-à-fait intéressantes, le KSMP fut confronté à partir de 1980 à des problèmes de plus en plus graves, en particulier à l’effritement de ses effectifs. Une redéfinition des buts poursuivis par l’organisation s’avère plus que jamais nécessaire.